Sommaire
- L’Art aux Mille Ruses
- Le Silat dans la Peau
- Penchak Silat : Tuan Raban
- L’Art Secret de la Jungle
- Ils Parlent aussi de nous
Penchak Silat
Le Penchak Silat, ou art de combat rapide, s’est développé depuis des siècles dans la jungle d’Indonésie et de Malaisie. Mariel Kavos, qui s’est rendue sur place, nous en parle.
Lors des derniers championnats du monde de Penchak Silat, en Décembre 87 en Malaisie, deux français sont montés sur le podium : Boris Kratschmar en combats (avec un superbe cocard !), et Mariel Kavos en seni (l’équivalent du kata.) Élevés de Maître Raban, tous deux étaient sponsorisés par la fédération française de Penchak Silat. Mariel avait été chargée d’une mission supplémentaire : faire le point sur le Silat en Malaisie et en Indonésie et ramener un reportage photos. Agée de 26 ans, Mariel Kavos a découvert cet art martial tout à fait par hasard : son père est un ami de Maître Raban. Voici 2 ans, lassée par ses cours de gymnastique, elle a décidé d’essayer le Penchak : un vrai coup de foudre. Deux mois avant les championnats du monde, notre reporter s’est mise à étudier l’indonésien de façon intensive, ce qui lui a permis de se débrouiller une fois sur place. Elle nous raconte son périple.
L’Indonésie est un pays à majorité musulmane. Ce qui m’a d’abord frappé, c’est la spiritualité. On sent la religion partout présente, mais sans aucun fanatisme. Le fait d’être une femme n’a pas posé de problème : j’ai toujours été bien accueillie. Les gens étaient très sensible au fait que je pratique leur art et que je parle leur langue. Grâce à leur gentillesse et leur simplicité, je me suis tout de suite sentie en famille. J’ai d’abord visité le Malaisie après les championnats du monde de Kuala Lumpur, puis je me suis rendue en Indonésie, notamment dans la région de Bandung, où j’ai rencontré plusieurs vieux Maîtres. Bapak Tardemi, dont la photo illustre le début de mon reportage, a plus de 80 ans, et il pratique toujours. Plusieurs choses m’ont surprise. D’abord, la souplesse et la rapidité dont font preuve les adeptes du Penchak Silat. Ils passent de la relaxation totale à une attaque foudroyante. « l’attaque éclair ». Ensuite, le Silat fait partie de leur vie. Dès qu’ils ont un instant de libre, ils pratiquent. Enfin le respect des étudiants pour leurs professeurs, les guru. Le Penchak Silat se veut d’abord une technique de défense. Cet art convient très bien aux femmes, car il ne fait pas appel à la force : en Indonésie, il y a 50% de filles parmi les pratiquants. L’idée essentielle du Penchak, c’est que la rapidité et la souplesse l’emportent toujours sur la force. Il faut être souple comme un chat et malin comme un singe. De plus, on utilise la force de l’adversaire.
La méditation joue un rôle important. Elle permet de maîtriser l’Ilmu, l’énergie interne. Le Penchak Silat a subi une triple influence ; boudhiste, hindouiste et musulmane. Le Coran dit que l’être humain est esclave des éléments extérieurs. Par la pratique de la méditation (basée sur la répétition des versets du Coran), l’homme parvient à maîtriser ces éléments, qui deviennent alors ses esclaves. L’impossible devient possible. J’ai assisté à des démonstrations d’Ilmu assez impressionnantes. Mais il ne s’agit pas de magie, simplement d’un contrôle du corps obtenu grâce à une pratique intensive de la méditation.
Trois pays, l’Indonésie, la Malaisie et Singapour, on décidé de promouvoir le Penchak Silat sur le plan international. A cette fin, ils ont créé Persilat, une fédération internationale de Penchak Silat destinée à faire mieux connaître cet art en occident. A la tête de Persilat, on trouve Mr Nalapraya, ex-gouverneur de Djakarta, ainsi que Mr Aziz Deraman, ministre de la culture et des sports de Malaisie.
Mr Raban, mon professeur, a été nommé représentant officiel de cette fédération pour la France. Afin de promouvoir les échanges culturels entre nos deux pays, il organise un séjour de 3 semaines en Indonésie, du 15 Août au 4 Septembre. L’hospitalité indonésienne n’est pas un vain mot, j’ai pu en faire l’expérience : l’étranger est toujours le bienvenu. Dès qu’on rentre dans une maison, on vous invite à manger ! Maître Raban veut faire découvrir sa culture aux français et leur montrer le vrai Penchak Silat. Pour moi, c’est un art martial idéal, qui donne confiance en soi. On y trouve aussi un aspect gracieux, proche de la danse. En conclusion, n’hésitez pas : si l’on vous propose de partir en Indonésie, allez-y !
Propos recueillis par P. Y. Bénoliel, photos Mariel Kavos
Qu’est-ce que le Penchak Silat ?
Le « Penchak Silat » est le nom du style d’art martial pratiqué en Indonésie et en Malaisie.
Si l’on traduit textuellement ces deux termes du Malais, on obtient :
- Combat d’art : Penchak ou Pencak
- Combat rapide : Silat, dérivé de Pensilat
et ces deux mots réunis veulent donc dire que l’on étudie le Penchak afin de devenir un « Pensilat ».
On parle de « seorang pemencak » lorsqu’il s’agit de l’étudiant ; et de « seorang pesilat » lorsque l’on veut désigner la personne qui met en pratique la connaissance acquise.
Il existe des descriptions écrites de plus de 150 styles différents. Parmi ceux-ci, nous retiendrons tout particulièrement, le « SETIA HATI TERATE » lequel a été inventé par Pendekar Sakti Gabeihi Soerdowirjo à Madioen dans l’île de Java, aux environ de 1903. Soerdiwirjo fut exécuté par les japonnais le 15 Janvier 1944 : on lui reprochait d’avoir fondé une organisation qui s’efforçait d’améliorer les conditions de vie du peuple ! Toute sa vie, il avait poursuivi ce but en secret par obligation de sorte que l’on parlait de « Pengempur dalem » = Action souterraine, action secrète. Le peuple exprime sa vénération pour Sordiwirjo en l’appelant « Sakti » = saint tandis que « Pendekar » veut dire fondateur. Le nom « SEITIA HATI TERATE » est composé de deux groupes de mots : SETIA HATI signifie « coeur fidèle », donc fidèle aux principes de Soerdiwirjo, en portant ses règles dans son coeur.
TERATE est le nom de la fleur de lys aquatique indonésienne, symbole de tranquillité et de beauté, qui peut néanmoins se montrer tout d’un coup vénéneuse.
L’instruction se faisait toujours en secret, et souvent dans des communautés qui rappelaient l’atmosphère de véritables couvents. Ces communautés sont appelées « Pondokans-pesantren », ce qi implique déjà que l’on ne trouvait pas ces communautés dans les villes mais seulement à la campagne.
Dans les villes, on pratiquait des mélanges de sport de combat venant de l’étranger et des techniques de Silat provenant d’un croisement de techniques de Penchak différentes. Ce sont ces systèmes « bâtards » qui furent exportés par les hollandais d’Indonésie vers l’Europe, mais on peut se demander s’ils portent encore à juste titre le nom de « Penchak Silat ».
Le Penchak original se base sur l’idée que l’esprit dirige le corps et que par conséquent c’est d’abord l’esprit qui doit être développé. On parle de « Tenaga dalem » : la force intérieure = la force de l’esprit.
On s’efforce de ne pa travailler avec une force extérieure : briser des pierres et des planches ne fait donc pas partie de l’instruction. L’école qui enseigne cet art, s’appelle « Sabda Pendita », ce qui signifie la « doctrine du moine ». Elle apprend la technique « Setia Hati Terate » ; connaissant le sens profond de ces mots, nous pouvons cerner désormais ce nouvel art sportif.
Le système enseigné ainsi est basé sur le triangle « Siku Tiga » ou la trinité « TRITUNGA ». Le triangle représente la base dans la pratique des démarches et évolutions dans le combat.
L’organe essentiel du Penchak Silat en Indonésie est le « IKATAN PENCAK SILAT INDONESIA », Ikatan = Union. Le Penchak SIlat est un des grands supports de la culture et de la civilisation indonésienne et malaisienne.
Le Salut « Hormat » est obligatoirement exécuté au début et à la fin des rencontres et des séances d’entraînement. Il se déroule en trois temps :
- « SIAP »
- « PERSAUDARAAN »
- « HORMAT »
- le respect réciproque
- reconnaître les uns et les autres comme fères et soeurs dans l’apprentissage
- Créer les liens d’amitié et garder les fruits de l’enseignement au plus profond de soi avec un profond respect
M. V. Raban.
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