Les origines mythiques du keris
Si le silat prend racine dans les légendes et mythes du monde malais, il en est de même pour les origines et la fabrication du keris.
Selon W.H. Rassers (indologiste hollandais qui démontra entre autre que, dans un environnement culturel particulier, le mythe, le rite et la structure sociale forment une unité indivisible), Panji, héros culturel javanais, aurait été le premier forgeron de keris mais aussi le premier à en avoir porté un. Il serait aussi le créateur du wayang et du gamelan.
Mais selon une gravure du Candi Sukuh, datant du 15 ème siècle, sur le mont Lawa à Java Centre, il semble que ce soit Bima, une des nombreuses incarnation de Shiva, qui fut à l’origine du premier keris, le forgeant de ses propres poings, assisté par Ganesh.
La lame du keris
Un keris est composé de plusieurs éléments :
- (1) Sarong : le fourreau
- (2) Pendok : un sur-fourreau métallique pouvant être adapté au sarong
- (3) Ukiran : la poignée
- (4) Mendak : la bague se trouvant entre la poignée et la garde (ganja)
- (5) Wilah : la lame
Chaque élément est confectionné par un artisan spécialisé. Pour la lame, il s’agit d’un empu. Ce dernier fabrique deux types de lames : Ageman , lame ordinaire dont la réalisation ne prend que quelques jours et Pusaka Tayuhan , lame plus précieuse et magique pouvant demander six mois de travail avec des techniques d’ascèse avant et pendant le forgeage.
Les matériaux de bases pour une lame de Keris
- 500 g d’acier (1)
- 100 g de nickel (2)
- 5 kg de fer en pain de 2 cm d’épaisseur, 15 cm de longueur et 4 cm de largeur (3)
Fabrication de la lame du Keris
Schéma 1
Le nickel qui produira le pamor , d’origine météoritique ou, plus modestement, industrielle (on entrouve à hauteur de 5% dans les rayons de vélo) est inséré entre les bras en « U » du fer forgé.
Schéma 2
Le nickel est comprimé entre les couches de fer.
Schéma 3
Par forgeage, la pièce est allongée, ce qui permet d’obtenir la première couches de pamor.
Schéma 4
On répète les opération de pliage et de forgeage autant de fois que le nombre de couche de pamor souhaitées (généralement une soixantaine de fois) jusqu’à obtenir un bloc : le Saton
Schéma 5
Le Saton est divisé en deux parties égales auxquelles on donnera une forme de lame : Kodokan .
Schéma 6
Kodokan
Schéma 7
La pièce d’acier est travaillée jusqu’à ce qu’elle soit de la même forme que les deux kodokan.
Schéma 8
On insère la pièce d’acier entre les deux kodokan , puis on forge le tout. On obtient ainsi le Calonan.
Schéma 9
On enlève un petit morceau au calonan qui servira à la fabrication de la ganja (la garde du keris).
Schéma 10
On obtient ainsi les parties de la lame prêtes à être limées, ciselées et finalement assemblées. Pendant le travail de forge, si la lame se casse, cela signifie que l’empu n’est pas « en paix avec lui même ».
Les Lames du Keris
Bibliographie
- Panji, The Cultural Hero : a Structural Study in Java , W.H. Rassers (édition de 1982)
- Le Monde du Keris, Gaspard de Marval (Musée Militaire Vaudois) – 1997
- La Force Célèste du Keris, Bernard Guerrin (documentaire) – 1996
- The World of the Javanese Keris, East-West Center – 1978
- Cendono Putro (illustrations des Lames du Keris)
Article réalisé par Audran