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Le Keris, une lame empreinte de secrets

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Du verbe malais iris, couper, cette arme originaire de Java s’est développée dans tout l’archipel. Probablement d’inspiration indienne, on la trouve également en Thaïlande méridionale et aux Philippines. La forme actuelle du Keris remonterait au XIVe siècle mais ses premières apparitions seraient bien plus anciennes.

De nos jours, le Keris est un symbole culturel et national en Malaisie et en Indonésie.

Au moins trois personnes interviennent dans la fabrication du keris : le forgeron pour la lame, l’ébéniste pour le fourreau et le graveur pour la poignée.

Avant de commencer son art, le forgeron, l’Empu , doit jeûner, méditer et prier Dieu. Il doit atteindre un état de concentration total et de paix intérieure. C’est seulement de cette façon qu’il pourra transmettre ses ondes positives au Keris. Lorsqu’il fabrique la lame, l’Empu travaille sans relâche sauf le vendredi, jour de la prière. Il faut plusieurs jours pour la concevoir. Mais certains Keris plus élaborés peuvent nécessiter six mois de travail.

L’Empu définira l’âme qu’il insufflera au nouveau Keris d’après la personnalité du propriétaire. Un Keris ne pouvant se concevoir qu’à un moment précis de l’année, la date dépendra également de cette personnalité.

Si l’harmonie entre l’homme et la lame peut révéler magie et puissance , un manque de soin et d’attention peuvent avoir des effets néfastes.

Selon la légende, un Keris tremble dans son fourreau lorsque le danger est imminent. D’autres, s’ils sont pointés vers quelqu’un ou plantés dans une empreinte peuvent entraîner la mort

C’est pourquoi, un Keris ne peut s’acheter comme une simple marchandise. Le motif de la lame, Pamor, est le résultat d’un alliage entre plusieurs métaux et d’un travail au marteau d’une très grande précision. Celui-ci est révélé lorsque la lame est trempée dans un bain acide, mélange d’arsenic et de citron vert. Chaque Pamor contient une symbolique précise. Par exemple, le Pamor Udan Mas, pluie d’or, a la mission d’accorder à son propriétaire une bonne santé.

La lame d’un Keris est faite d’au moins deux métaux. Mais plus l’alliage est important, plus le Keris est exceptionnel. Certains contiennent même un extrait de météorite tombée en Indonésie il y a plusieurs siècles. Pour les habitants, c’était un moyen de transmettre au Keris le pouvoir des dieux. La forme de la lame, le Dapur, est définie par le forgeron. L’originalité d’un grand nombre d’entre elles vient en effet de l’ondulation de la lame ou luk. Celle-ci symboliserait le serpent sacré Naga en train de ramper, et donc dans une forme active. D’autres, droites ou lurus, correspondraient au repos du serpent, l’assimilant ainsi à la concentration et à la plénitude.

Lame droite : signe de maturité

Lame à ondulations :

  • Luk 3 : accorde le succès des projets
  • Luk 5 : accorde l’estime des autres
  • Luk 7 : recherche de la dignité
  • Luk 9 : donne le pouvoir
  • Luk 11 : accorde un rang social élévé
  • Luk 13 : accorde l’harmonie de vie

Les Keris sont à la fois des objets que l’on expose, de véritables talismans dotés de pouvoirs magiques, un héritage sacré, un équipement auxiliaire pour les soldats de la cour, un accessoire des tenues de cérémonie ou encore un symbole d’héroïsme.

Les hommes le portent dans le dos, le fourreau pointant vers la gauche alors que les femmes le portent devant.

De nombreux Keris sont transmis de génération en génération comme héritages.

Il faut au moins vingt ans pour maîtriser cet art et cette tradition qui se transmet de père en fils.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, la fabrique artisanale du Keris a pratiquement disparu. Le nombre d’Empu diminue de façon dramatique et ils ont du mal à trouver des successeurs auxquels transmettre leur savoir-faire.

En 2005, L’UNESCO proclama cet art chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.

Golok

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Le golok (ou parang) s’est développé dans tout l’archipel.

C’était au départ un simple outil agricole ou pour la chasse, et qui s’est révélé être une arme redoutable contre l’ennemi. La lame relativement épaisse mesure environ trente centimètres. Elle est tranchante d’un seul côté.

Le manche est en bois exotique très solide ou en corne de buffle.Le fourreau est lui aussi fait d’un bois exotique mais d’autres matériaux comme le cuivre peuvent également l’orner.

D’une grande variété de formes et d’appellations selon les régions et les ethnies, ils sont habituellement divisés en grandes familles, comprenant chacune une dizaine de spécimens différents selon la forme des lames et des poignées.

Parang
Terme générique utilisé dans tout l’Archipel pour désigner les armes dérivées des machettes et sabres de jungle.

Pedang
Terme générique pour une variété de sabres et d’épées d’inspiration étrangère rencontrés principalement à Sumatra, mais aussi à Java, Madura et Bali. La lame peut être en Pamor.

Klewang
Terme générique pour une vaste famille de sabres et de machettes rencontrés dans tout l’Archipel. Grande variété de formes avec une forte lame droite ou légèrement courbe à poids en tête et pointe en biseau.

Kerambit

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Le kerambit est un couteau en forme de croissant fortement incurvé avec une lame très fine. La lame est parfois affûtée des deux côtés.

Cette arme est tenue avec le pouce au-dessus de la tête de la poignée et la lame dépasse de la partie inférieure de la main.

On glisse l’index dans le trou de la poignée pour une meilleure tenue de l’arme.

Le Kerambit est utilisé en poignardant vers le haut et cause des dommages particulièrement atroces. C’est en effet une arme qui a l’avantage d’être très discrète.

Les femmes la cachaient parfois minutieusement dans leurs cheveux. Le kerambit était aussi porté dans son étui ou dans un pli du sarong.

Cabang / Tekpi

Penchak - le silat - cabang trisula

Le Cabang ou Saï est un trident métallique qui s’utilise généralement par paire.

Il ressemble à une dague, mais la lame n’est pas tranchante : elle est conique, de section cylindrique ou octogonale.

Son extrémité pointue sert à piquer, soit lors d’une frappe, soit en le lançant. La longueur de la lame doit permettre la protection de l’avant-bras tout entier.

La garde, de forme très particulière, est destinée, tout en protégeant la main, à dévier ou bloquer une attaque de golok ou de bâton.

Elle permet même de casser les lames de sabre.